A l’île natale – Auguste Lacaussade (1815 † 1897)

A l'île natale - Auguste Lacaussade - Poésie réunionnaise - Le Pétrel BlancA L’ILE NATALE

O terre des palmiers, pays d’Eléonore,
Qu’emplissent de leurs chants la mer & les oiseaux !
Ile des bengalis, des brises, de l’aurore !
Lotus immaculé sortant du bleu des eaux !
Svelte et suave enfant de la forte nature,
Toi qui sur les contours de ta nudité pure,
Libre, laisses rouler au vent ta chevelure,
Vierge et belle aujourd’hui comme Eve à son réveil ;
Muse natale, muse au radieux sourire,
Toi qui dans tes beautés, jeune, m’appris à lire,
A toi mes chants ! à toi mes hymnes et ma lyre,
O terre où je naquis ! ô terre du soleil !

Auguste Lacaussade (1815 † 1897), A l’Ile Natale, Poèmes et Paysages (1852).

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Curieusement, deux poèmes d’Auguste Lacaussade s’intitulent « A l’île natale » : le premier, que nous présentons ci-dessus, figure en tête des poèmes de son recueil Poèmes et Paysages publié en 1852 et constitue comme un bref prélude. Après celui-ci commence une suite numérotée de I à LXXXV de poésies de l’auteur, largement inspirées de ses souvenirs d’enfance à l’Ile Bourbon (actuelle Ile de La Réunion). Puis en guise de conclusion non numérotée, un second poème intitulé lui aussi « A l’île natale » constitue le postlude du recueil et n’est guère plus long que le premier (16 alexandrins contre 12 dans le premier). Voici celui-ci :

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A L’ILE NATALE

Je puis mourir : j’ai dit, ô mon île natale !
Ton ciel, tes monts, tes bois, tes champs, tes eaux, tes mers.
Mon âme t’a payé sa dette filiale :
Sur tes flancs de granit j’ai buriné mon vers.
Chez moi ce n’est point l’art, c’est le cœur qui te chante.
Ma piété pour toi fit ma voix plus touchante ;
Mon cœur m’a révélé tes secrètes beautés.
D’autres fils te naîtront qui des muses hantés,
Admirant à leur tour tes splendeurs et ta grâce,
Par tes vals escarpés cheminant sur ma trace,
Lisant partout mon nom sous la ronce vorace,
Rediront après moi ton ciel, tes monts, tes bois.
Souris avec orgueil à leur lyre nouvelle !
L’écho de tes rochers me restera fidèle,
Car, versant à mes vers ta sève maternelle,
Ton âme, ô mon pays ! a passé dans ma voix.

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